La journée d'échange pour SPSC 2024

Ce qu'il fallait retenir, écrit par Laure Amstutz

Le 24 octobre 2024, j’ai participé à la journée d’échange pour SPSC organisée cette année par la Société Suisse de pédologique (SSP). Cette journée s’est déroulée à Volketswil-Uster et a traité la question suivante : 


" Réparer les dégâts causés au sol - que faire si un compactage n'a pas pu être évité ? "

Voici une synthèse des points que j’ai trouvés intéressants, questionnants, stimulants. Bonne lecture !


Décompaction profonde des sols : connaissances actuelles, astuces, questions en suspens

Peter Zurbuchen qui travaille pour une entreprise spécialisée dans les travaux de décompaction des sols (Zurbuchen Bodenschutz) nous a rappelé qu’un décompactage mécanique (avec des machines) comporte toujours des risques. Dans certaines situations, un décompactage profond peut empirer la situation, par exemple en ramenant les pierres à la surface du champ ou en endommageant les drains. Il est donc important, avant toute intervention, de faire la pesée des intérêts entre les gains et les dégâts qui peuvent potentiellement être causés. Il nous a alors mentionné trois principes essentiels à appliquer lorsqu’une décompaction mécanique profonde a été envisagée :

  • Les conditions dans lequel se fait le travail doivent être excellentes (météo adaptée, état de la surface du sol, etc.)
  • Une surveillance (monitoring) sérieuse et régulière doit être effectuée. Les pédologues doivent se rendre sur place pour contrôler que le travail soit bien fait : contrôler que la compaction que l’on cherche à solutionner soit bel est bien " résorbée ", que les outils tirés par les tracteurs (voir un exemple dans la photo ci-dessous) travaillent effectivement à la profondeur souhaitée
  • Les drainages doivent être régulièrement contrôlés afin de s’assurer que l’eau ne stagne pas

Machine utilisée pour des travaux de décompaction profonde. Sur cette image, vous pouvez remarquer 

que les pneus ont été dégonflés (0.5 bar vs 1.5 bar en temps normal) afin d’augmenter la surface au sol et de réduire ainsi la pression au centimètre carré.

Alice Johannes (Agroscope) s’est demandé quels sont les articles existants, dans la littérature scientifique actuelle, apportant des informations concrètes sur la régénération de la couche sous-jacente (la couche B) des sols compactés et plus particulièrement sur les sols compactés suite à des chantiers, en zone agricole. Et la réponse est la suivante : il n’existe pas grand-chose…


Le projet ROCSUB (pour Restoration of compacted subsoil) sur lequel elle travaille se préoccupe de cette problématique. La question se pose notamment de savoir si une intervention de décompaction mécanique de la couche B d’un sol compacté a un effet à long terme ? Est-ce que des effets de " re-compaction " peuvent réapparaître suite à l’intervention de décompaction L’étude est en cours et nous en saurons plus dans 2 ans, restons donc informés !

Vidéo explicative de la problématique traitée par le projet ROCSUB

Il ne faut pas oublier que l’état d’un sol compacté peut également être amélioré par des plantes ! Michael Howald (Kanton Bern, LANAT) nous a rappelé l’importante de connaître les engrais verts, par exemple après une intervention mécanique de décompaction. Si l’on souhaite améliorer l’état des sols compactés par les plantes, il existe des mélanges de graines spécialisés. C’est par exemple le cas du mélange UFA STRUCTURATOR qui contient du radis fourrager.

D’ailleurs, Luzius Matile (ZHAW) est nous a fait part d’un projet de Bachelor qui a étudié des essais de décompaction de sols sous serre. Une des conclusions de ce travail est qu’un ameublissement de sol, bien que réussi, n’apporte peu si on ne le fait pas suivre d’un enherbement approprié.

Description de profils de sol, question en suspens

Nous avons visité un terrain remis en état il y a plus de 10 ans (ancienne décharge). A l’époque, la remise en état n'a pas été concluante, les sols ont été compactés. Nous avons observé et discuté autour de deux profils de sol creusés dans une zone qui avait été compactée : profils séparés par 50 mètres, même type de sol, l’un creusé dans une surface qui a été décompactée il y a 12 ans, l’autre dans une surface n’ayant pas été décompactée. La différence de qualité du matériel était visible entre les deux profils : la qualité de la structure étant bien meilleure dans le profil de la surface décompactée.


Profil de sol étudié


Une chose étonnante : bien que les agrégats/mottes étaient régulièrement tapissés de gris/bleu (surtout dans le profil non décompacté), signe de réduction due à la présence d’eau et au manque d’oxygène, pratiquement aucune tâche d'oxydation n’était visible. Pourtant, les sols observés ne sont pas constamment dans l’eau et la structure pas suffisamment mauvaise pour empêche tout oxygène de passer. La question suivante a donc été discutée : combien de temps faut-il pour que des tâches de rouille apparaissent ? Ou disparaissent à nouveau ?

Si quelqu'un a des connaissances et sources à ce sujet, je suis preneuse !


Extraction de gravier : la planification d’une gravière et les étapes pour la protection des sols


Pour Terminer, Doris Hösli (Baustoff Kreislauf Schweiz), a profité de la proximité de la gravière Gutenswil, pour nous raconter le long chemin nécessaire à ce qu’une gravière puisse entrer en exploitation. Le saviez-vous que :


  • Une gravière se situe toujours hors de la zone à bâtir. Elle sera donc généralement exploitée en zon agricole ou forestière, avec les contraintes qui s’ensuivent
  • L’utilisation d’une gravière est toujours temporaire
  • La phase de planification est toujours très longue : en principe au minimum 10 ans de planification. Et à ce point, ce n’est pas encore certain que le permis de construire soit attribué ! Les démarches ne sont donc pas encore terminées
  • D’ailleurs, il est à noter que la planification se fait pour la prochaine génération ! En effet, il n’est pas rare que la fin de l’exploitation d’une gravière ait lieu des dizaines d’années après sa planification initiale
  • En termes de protection de la nature, il y a des « modes ». Par exemple, actuellement des mesures sont régulièrement mises en place pour protéger le crapaud calamite. Dans quelques années, l’accent sera peut-être ailleurs ; mais est-ce que les structures auront été prévues ?


Le gravier est une matière première que nous avons en Suisse. La grande majorité du gravier extrait, servira à produire le béton dont nous avons besoin. Doris Hösli l’a ainsi souligné : il est bon que nous extractions cette matière première chez nous, cela dit, en mettant en place toutes les mesures environnementales nécessaires !


Allons une étape plus loin : la phase de planification de la gravière est terminée, le permis de construire est attribué. Pour l’exploitation, les obligations du permis de construire devront être appliquées ainsi que les charges qui avaient été définies dans le rapport d’impact sur l’environnement. Et qu’en est-il des sols ? Voici un résumé de la situation :

  • Avant que l’exploitation du gravier (dans le sous-sol) puisse commencer, il faut que les sols qui le recouvrent soient décapés correctement. Cela implique que des zones de stockages aient été définies en amont, lors de la planification
  • Suite à l’exploitation du gravier, un trou ne va pas être laissé dans le paysage ! Au contraire, des sols vont être remis en place, c’est la phase de la remise en état. Avant que les couches A et B de sols ne soient reposés, le remblai nivelé est réalisé. Doris Hösli mentionne à ce niveau-là que qu’il est important de réaliser une réception du remblai nivelé – trop souvent oublié – afin de contrôler que tout fonctionne comme bien (notamment élimination, éventuellement drainages)
  • Pour la remise en état, il est essentiel de connaître quel est l’objectif de remise en état ! Et également de suivre d’où vient le sol qui est apporté, quelle est sa qualité. La logistique reste ici un défi, car que faire lorsque du bon matériel terreux serait prêt, mais que les conditions sont trop humides pour effectuer un travail ?
  • Pour terminer, la phase de remise en culture et son suivi reste la partie la plus complexe. Car si tout le travail a été bien fait en amont, un travail du sol inadéquat lors de cette partie peut infliger des dégâts à long terme. Une bonne communication et la présence sur place pour le suivi sont essentielles


Un mot de contexte, pour les non-pédologues lisant cet article :-) :

Un sol est constitué de matière solide (des agrégats) et d'espaces (les pores du sol) qui peuvent être remplis d'air ou d'eau, le tout étant bien structuré. Un sol compacté a perdu cette structure, a ses pores sont en partie (ou totalement) fermés, comme "écrasés". Les SPSC travaillent notamment à éviter les compactions des sols. Mais lorsqu'une compaction arrive malgré tout, il existe des méthodes pour tenter de décompacter le sol, c'est à dire de l'ameublir à nouveau, le rendre plus aéré, plus facile à travailler dans le but qu'il retrouve une structure avec le temps. Le décompactage des sols en profondeur (entre 25 et 40 cm de profondeur de manière standard, parfois plus selon les possibilités des machines) s’effectue à l'aide d'outils tractés. Différents outils permettent différentes interventions, en principe effectuées par des entreprises spécialisées.



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La journée d'échange pour SPSC 2024
sanu future learning ag, Laure Amstutz 5 novembre 2024
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